La mobilité domicile-travail représente un enjeu environnemental majeur, constituant une part significative des émissions de gaz à effet de serre des organisations. Face à cet enjeu, la chaire Transition écologique, travail et territoires portée par Green & Blue a mené une expérimentation au sein de deux Caisses d'allocations familiales pour comprendre et favoriser l'adoption de mobilités durables par les collaborateurs. Une initiatives qui s'est appuyée sur les sciences humaines et sociales pour identifier les leviers de passage de l'intention à l'action.
L'expérimentation repose sur le modèle transthéorique de Prochaska et DiClemente, qui décrit le changement de comportement en cinq étapes :
Mais la mobilité durable se heurte à plusieurs obstacles : coûts perçus, impact sur le confort et le temps de trajet. Pour dépasser ces freins, l’accompagnement doit être personnalisé, et le collectif peut jouer un rôle d’incitation à l’action.
Le choix modal des collaborateurs repose sur trois types de facteurs :
L’entreprise joue un rôle essentiel dans le changement de comportement en modifiant son environnement de travail et en influençant les pratiques de mobilité. L’adoption du management de la mobilité permet d’inciter au changement, avec un impact estimé à une baisse de 7 % de l’usage de la voiture.
Deux types de mesures sont identifiés :
L’efficacité réside dans une combinaison adaptée de ces approches selon les caractéristiques des collaborateurs et du contexte organisationnel.
Deux sites ont été sélectionnés : la CAF de Charente-Maritime (12 participants) et la CAF du Rhône (8 participants). L’objectif était de faciliter l’adoption des mobilités durables grâce à un collectif encadré par des animateurs internes.
L’expérimentation s’est déroulée en trois phases. La première phase concernait le recrutement, avec la diffusion de questionnaires permettant d’évaluer les habitudes et motivations de mobilité et d’identifier les animateurs. La deuxième phase, d’une durée de dix semaines, a reposé sur des échanges collectifs organisés toutes les deux semaines ainsi qu’un suivi hebdomadaire via un carnet de bord numérique. Enfin, l’analyse post-expérimentation s’est appuyée sur des questionnaires, des focus groupes et l’étude des journaux de bord des participants.
Tous les participants ont augmenté leur usage des mobilités durables, tandis que l’usage de la voiture thermique a diminué de 70 % à 11 %. Le report modal a principalement bénéficié aux transports en commun, dont l’usage a progressé de 25 %, et au vélo à assistance électrique, qui a plus que doublé. L’impact s’est également ressenti sur les trajets hors domicile-travail, entraînant une réduction généralisée de l’usage de la voiture et une propagation du changement auprès des proches des participants. Enfin, une amélioration de la qualité de vie au travail a été observée, marquée par une perception accrue de la détente et de la tranquillité.
Plusieurs éléments ont favorisé le changement, notamment l’effet du collectif, qui a stimulé la motivation et permis un partage d’astuces et de solutions, ainsi que l’usage de la gamification à travers des challenges collectifs. L’encadrement par des animateurs internes a également facilité l’engagement des participants. Toutefois, certains freins ont été identifiés : la météo, perçue comme un obstacle majeur, les contraintes horaires des transports en commun et l’absence d’infrastructures adaptées, telles que les douches et vestiaires.
Forte de ces résultats, la CAF du Rhône prévoit d’étendre l’expérimentation à trois nouveaux groupes en 2025. Un système de parrainage entre anciens et nouveaux participants sera mis en place pour renforcer la dynamique collective.
Les organisations souhaitant mener une démarche similaire doivent veiller à plusieurs points. Il est essentiel d’impliquer la direction afin de garantir du temps dédié aux animateurs et aux participants, de s’appuyer sur des animateurs engagés et neutres capables de créer un climat de confiance, et de proposer un accompagnement progressif et adapté. Plutôt qu’une approche prescriptive, il convient de favoriser un environnement facilitateur. L’appui d’experts est également recommandé pour structurer l’initiative et fournir les outils nécessaires aux participants.
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