La question de la motivation – au travail, dans la formation… - fait partie des grandes préoccupations des entreprises dans le champ des RH. Elle l'est d'autant plus alors que la surcharge mentale devient un sujet d'inquiétude majeur.
Mais pour Emmanuel Ahr, professeur en pédagogie et sciences des apprentissages à Université du Québec à Montréal, la question est mal posée : on devrait plutôt s’intéresser aux personnes qui ne sont pas motivées pour comprendre comment il est possible de les remotiver.
La question de la motivation est rarement abordée sous cet angle. L'amotivation est pourtant un objet pluriel, complexe, qu'il convient de comprendre lorsque l'on s'intéresse aux différentes formes de motivation. Ainsi, l'amotivation peut être de trois types.
La motivation, elle, peut être extrinsèque ou intrinsèque. La première est déclenchée par des facteurs extérieurs à l’individu. La punition et la récompense entrent dans ce cadre : on peut vouloir une récompense… ou fuir une punition. Dans un cas comme dans l’autre, c’est une forme de motivation. Ce que l’on qualifie de lien social est aussi une motivation extrinsèque : vouloir devenir le meilleur, être reconnu par ses proches ou, à l’inverse, chercher à fuir les contacts constituent de puissantes formes de motivation.
L’utilité est une autre motivation extrinsèque : être utile pour soi, pour ses proches, mais aussi pour celles et ceux que l’on ne connaît pas, voire pour la planète. Eteindre la lumière en sortant d’une pièce, geste que nous faisons (presque) tous, est un exemple de motivation extrinsèque « utile ».
Dernière forme de motivation extrinsèque : la défense de ses propres valeurs. On va agir pour être en accord avec ses valeurs ou, à l’inverse, refuser de faire quelque qui y contrevient.
La motivation intrinsèque, qui s’inscrit dans un continuum de la motivation extrinsèque, est déclenchée par des facteurs internes. Les connaissances – les besoins cognitifs, les besoins de découverte et de nouveauté – en font partie au premier chef. Les sensations (stimulations en anglais) et l’accomplissement constituent les deux autres sous-catégories de la motivation intrinsèque, étroitement liée au concept de plaisir.
Mais au fond, quels sont les leviers de la motivation ? Sur quoi peut-on agir ? En la matière, la littérature nous donne quelques premières réponses.
L'Anvie lance en novembre 2023 un groupe de travail consacré à la question de la motivation et de l'engagement. Un groupe de travail en trois temps visant à faire le point sur les ressorts psychologiques et cognitifs sur ces deux items et à dresser des pistes permettant de (re)motiver les collaborateurs.
Contrairement à ce que l’on croit souvent, notre cerveau n’est pas un organe parfait capable de traiter une foule d’informations en un temps très court. On sait que pour retenir une information, nous devons nous la répéter – c’est ce que l’on appelle l’empan temporel. Par ailleurs, plus les éléments à retenir sont nombreux, plus notre cerveau peine – ce que l’on qualifie d’empan mnésique – et, à partir d’un certain moment, notre cerveau n’a pas d’autre choix que « d’oublier » les premiers éléments mémorisés. Nous l’avons tous constaté en lisant un livre, nous ne pouvons pas nous souvenir précisément des phrases que nous venons de parcourir… On estime généralement que le cerveau est capable de retenir sept éléments (plus ou moins deux, selon les personnes).
Et, enfin, notre cerveau ne sait faire consciemment qu’une seule chose à la fois (empan exécutif). Pour y parvenir, nous devons automatiser certaines tâches qui, de fait, n’entrent pas dans l’empan exécutif. Nous pouvons aussi passer rapidement d’une activité à l’autre, mais notre performance et nos capacités attentionnelles s’en trouvent drastiquement amoindries.
On trouve à l’origine de la charge mentale différentes sources :
Lorsque l’on est en surcharge mentale, on ne se sent pas compétent, on ne se sent pas libre de ses choix, on ne trouve pas de sens à ce que l’on fait – on est donc démotivé !
L'engagement se distingue de la motivation : la motivation est régie par une balance coûts-bénéfices. L’engagement obéit à une balance énergie positive-énergie négative. Lorsque notre énergie positive est suffisante, on passe à l’action, on se met en mouvement pour atteindre les objectifs pour lesquels on est motivé. Mais si l’énergie positive est trop forte alors même que les coûts associés à la motivation sont trop élevés, on « glisse » vers la surcharge mentale, l’épuisement, la perte de sens… donc le burnout. A ce moment, le corps dit « stop » !
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