Parmi les multiples dispositifs d’apprentissage mis en œuvre par les entreprises, le micro-learning occupe une place particulière. A rebours de l’idée selon laquelle il faut du temps pour apprendre, le micro-learning ne dure au contraire que quelques… minutes. Une manière comme une autre de composer avec des emplois du temps de plus en plus hachés laissant de moins en moins de place aux formations au long cours. Enseignant-chercheur à l’ICD, Romain Zerbib nous explique les tenants et les aboutissants du micro-apprentissage.
C’est quasiment devenu un lieu commun. Face à des informations de plus en plus nombreuses, nous serions de moins en moins attentifs. Capter l’attention est devenu un enjeu. On parle même désormais d’économie de l’attention ! Qu’il s’agisse d’un article, d’une vidéo, ou tout simplement du temps d’affichage d’un site, il est essentiel de capter immédiatement l’attention de l’individu. Si on n'y parvient pas, il se détournera du contenu proposé.
La détérioration du temps d’attention doit être prise en compte dans les pratiques d’apprentissage. Mais les résultats des recherches sur l’attention doivent être nuancés. En effet, l’attention est multifacettes et plastique. Elle varie selon notre engagement. L’attention peut aussi être fragmentée, passagère, sélective, soutenue, continue… En définitive, on ne peut pas dire que nous manquons d’attention. En revanche, nous l’exploitons mal.
On peut même dire que l’effondrement de l’attention est un mythe. En effet, on confond attention passagère et attention soutenue. L’attention passagère (ou transitoire) se manifeste dès lors que quelque chose capte temporairement notre attention : une notification sur notre smartphone par exemple. Mais l’attention passagère disparaît toujours rapidement et ouvre la porte à une attention soutenue qui, elle, peut durer plusieurs heures… à condition que l’on ne soit soumis à aucune distraction. L’attention n’est donc pas moindre. Elle est juste distraite, fragmentée entre une foule d’éléments.
Le micro-learning est un dispositif de formation fondé sur des grains pédagogiques. Ils durent de 30 secondes à 15 minutes. Chaque micro-unité se focalise sur une notion et ne compte que trois ou quatre idées clés à retenir, l’objectif étant de monter en compétences très rapidement. On utilise souvent, à propos de cette forme de learning, l’expression de fast learning.
Le micro-learning a ceci de particulier d’être disponible partout et tout le temps car il utilise différents supports : capsules vidéos, flashcards, mini-quizz de formation, « pépites de formation » que l’on reçoit par SMS ou e-mails, jeux, podcasts courts...
Le micro-learning exploite précisément l’attention passagère dont il a été question plus haut : il s’appuie sur un temps d’attention dit naturel, les individus parvenant ainsi à rester concentrés sans fournir d’efforts. Ses applications ont largement été étudiées : tous les travaux concluent à une hausse de l’engagement, de l’attention et de la mémorisation grâce au micro-learning. Des travaux qui concluent également que, pour les formats vidéo, la durée la plus efficace est de neuf à 12 minutes.
Le micro-learning présente de réels avantages… mais pas pour tous les types de formation, et pas pour tous les types de contenus. Dans certains cas en effet, le format long demeure toujours autant pertinent. Le micro-learning ne remplace donc pas d’autres modalités de formation, mais les complète.
Pour autant, introduire le micro-learning dans son organisation ne va pas de soi. On doit l’inscrire dans une démarche de formation globale. On doit obtenir l’adhésion des dirigeants, nombreux à croire encore que l’on n’apprend qu’au long cours, assis, dans une salle de formation. Les objectifs d’apprentissage au sein de l’organisation doivent être bien pris en compte, comme les outils auxquels sont habitués les apprenants : s’ils apprennent bien sur mobile, qu’ils utilisent leur mobile ! Autres bonnes pratiques à respecter :
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