S'il se développait timidement avant 2020, le télétravail est devenu la norme pendant la pandémie de Covid-19 pour, aujourd'hui, concerner entre 35% et 40% des salariés français.
Plébiscité par les individus, encouragé par de nombreuses entreprises, le télétravail s'accompagne néanmoins de nombreuses idées reçues qu'il convient d'identifier et de déconstruire si l'on veut faire de ce mode d'organisation un vecteur de performance et de bien-être. Eclairages avec Albane Grandazzi, professeure assistante à Grenoble Ecole de Management, pour qui le télétravail n'est pas une solution magique.
C’est en partie faux, nombre de postes et de fonctions – les fameux emplois de « première ligne », mais pas seulement – ne pouvant tout simplement pas être télétravaillés. Un télétravail profondément inégalitaire, qui concerne avant toute chose les cadres (entre 50% et 60%), les professions intermédiaires (un peu plus de 20%) et le employés qualifiés (entre 15% et 20%). Employés peu qualifiés, ouvriers… ne télétravaillent tout simplement pas ou très peu.
Les disparités géographiques sont également très marquées. Car le télétravail concerne avant toute chose les Parisiens, les Franciliens et, dans une moindre mesure, les personnes vivant dans les grandes métropoles régionales. Dans la « diagonale du vide », on télétravaille beaucoup moins qu'ailleurs...
Les études sont unanimes : les télétravailleurs subissent des durées de travail plus longues, dans des amplitudes horaires plus fortes. Ce sont ceux qui ne télétravaillent que quelques jours par mois qui sont les plus impactés par ce phénomène. Un télétravail régulier (un jour de télétravail ou plus par semaine) semble avoir moins d’impact.
Un peu moins de 50% des entreprises françaises ont intégré le télétravail dans leurs pratiques : c'est un chiffre qui a plus que doublé depuis la période pré-pandémie.
Le nombre de jours télétravaillés diffère selon les organisations : de un à cinq jours par semaine. Très majoritairement, les collaborateurs et les managers concernés télétravaillent deux ou trois jours hebdomadaires. Certaines entreprises proposent également un télétravail "à la carte", chaque collaborateur bénéficiant d'un nombre de jours télétravaillés mensuels.
Hormis quelques cas très exceptionnels, l'accès au télétravail et le choix des jours télétravaillés se font systématiquement avec l'accord du manager.
Les collaborateurs seraient plus productifs, plus engagés, plus performants... Cette affirmation est vraie, mais pas systématiquement. Nicholas Bloom, professeur à Stanford, a ainsi montré que le télétravail améliorait la productivité de 13% des collaborateurs… et dégradait celle de la moitié des individus. Et plus il est important (plus de deux jours par semaine), plus la productivité décroît…
C’est évidemment faux ! Certes, les outils permettant de communiquer, de collaborer – voire de contrôler – à distance sont pléthore. Mais les collaborateurs (comme les managers !) reconnaissent que le management à distance représente un exercice singulier. Et que la qualité de la relation managériale pâtit de la distance. Ainsi, les collaborateurs à distance disent rencontrer davantage de difficultés pour bénéficier de l’aide de leur manager et de leurs collègues. Ils se plaignent également d’un moindre intérêt de la part de ces derniers. Surtout, ils jugent manquer d’informations pour faire leur travail – travailler côte-à-côte, se croiser à la machine à café reste la meilleure manière pour obtenir des informations. Et, sans aucune surprise, ils disent que l’ambiance est moins bonne à distance qu’en présence.
Certes, le télétravail est plus demandé et plébiscité par les femmes. Pour autant, les enquêtes disponibles montrent que le télétravail renforce les inégalités déjà existantes entre hommes et femmes concernant la répartition des tâches domestiques. L’utilisation du temps gagné par le télétravail est réinvesti différemment : quand les femmes profitent de la flexibilité dans leur emploi du temps pour mener plus d’activités intérieures, les hommes investissent davantage des activités d’extérieures comme le sport.
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